Coucou, c'est ta maladie mentale

Vous noterez l'oeil pétillant et luisant de santé

Commençons par le commencement. Vous le savez peut-être déjà mais tout n'est pas totalement sain dedans ma tête. Et attention, je ne désire pas vous balancer ici la baveuse tragédie de ma vie de malade rejetée de la société, naah. Pour être honnête je pense qu'on est tous un peu dérangés d'une manière ou d'une autre mais qu'on est juste pas tous diagnostiqués. Après bien sûr il y en a des plus fous que d'autres mais ne vous inquiétez pas, je suis encore loin d'être au point de découper quelqu'un à la scie ou de m'arracher les yeux en pleine bouffée délirante. En fait mes troubles mentaux sont assez bateaux; je n'ai même pas d'hallucinations je vous jure c'est d'un chiant. 
  
Borderline, anxieusedépressivenarcissique inverséenévrosée obsessive; je suis un peu de tout ça histoire de ne rien manquer. Oui je suis en thérapie pour ça et non je ne prends pas de médicaments, ce qui revient un peu à une saltimbanque sautant de trapèze en trapèze sans filet de secours pour la rattraper en cas de chute mais que voulez-vous, je suis bien trop fière pour accepter de reprendre des anti-dépresseurs ou autres "régulateurs d'humeur" - on m'a gavée de médicaments dans le passé et ça n'a pas été très drôle, j'ai depuis juré que je n'en reprendrais qu'en cas de nécessité et urgence absolue.

Et comment ces charmants troubles se manifestent-ils donc, me demandez-vous avec curiosité? Boarf. Ils s'expriment de bien des manières mes enfants. Je peux vous donner des exemples de situations si ça vous chante.

Être réveillée en pleine nuit pas une migraine et une douleur dans l'épaule gauche qui me stressent depuis quelques heures déjà et me lever en panique, enfiler des fringues puis douter de la véracité de mon angoisse, faire les cents pas dans la chambre en me demandant si je vais réellement taper un AVC/attaque cardiaque/autre accident de santé potentiellement fatal et doit me rendre à l'hôpital sur le champs ou si ce n'est que dans ma tête avant de fondre en larmes puis me recoucher avec la peur au ventre: voilà pour l'anxiété. Je vous passe la tachycardie, hyperventilation et autres incommodités physiques accompagnant ce genre de crises. 

Passer en une milliseconde d'un état de jovialité sociale à une  rage à la limite de foutre une droite à un ami ayant eu la mauvaise idée de lâcher un petit commentaire que je juge humiliant ou encore péter les plombs à en donner des coups de latte contre les meubles ou le frigo - et me défoncer les pieds au passage - à cause du chien des voisins qui aboie depuis quelques heures: anger issues - un peu comme Shane dans The Walking Dead, oui.  
    
Lâcher la fac, ne pratiquement pas sortir de chez moi pendant près de 6 mois, couper contact avec la casi-totalité des amis et famille, ne pas me laver ni même changer de fringues pendant plusieurs jours et ne rien faire d'autre que manger jusqu'à tomber de sommeil sur mon lit, me réveiller, zoner sur le PC le temps qu'une partie de la nourriture descende pour pouvoir remanger et relancer le cycle, pleurer par-ci par-là en songeant à mourir pour "conserver un semblant de dignité" et prendre plus de 40 kilos au passage: une bonne vraie dépression de derrière les fagots.  

Boire sans pouvoir m'arrêter en mode boulimie d'alcool pour tenter de calmer mon mal-être social et parvenir à me "désinhiber durant la fête", taper un bon vin triste parce que je me sens seule et vide, quitter la ladite fête en coup de vent, chialer bruyamment sur le chemin du retour tout en me foutant des gnons dans la face, rentrer maison pour continuer à boire seule, me foutre quelques beignes de plus et pourquoi pas quelques coups de couteau sur les membres ou me planter les ongles dans la face en geignant comme une banshee hystérique, etc... juste un exemple de l'attitude instable, emo pathétique, exagérément émotionnelle et auto-destructrice que l'état limite dit "bordeline" peut engendrer.


Rêver d'accomplir de grandes choses, de sauver des gens, de changer la donne ou même juste d'être badass, impressionnante, respectée et plus que tout, aimée, tout en me considérant par la même incapable de seulement gérer un taf à temps plein et convaincue de n'être guère plus qu'un étron humain inutile à la société et vivant sur l'argent de ses parents - moche comme un cul et grasse comme une truie gravide histoire de ne rien laisser de côté; sorte de narcissisme fucked-up qui me fait croire simultanément que je fais partie de l'élite tout en me voyant par la même comme une insupportable sous-merde. 

N'oublions pas les TCA, qui font partie de ma vie à 100% depuis ma plus tendre enfance. Ceux-là n'ont beau être pour la plupart qu'un symptôme de certains des troubles mentionnés plus, cela ne les empêche pas d'être parmi les plus relous. 

Là où je me considère veinarde cependant, c'est que je n'ai jamais eu de problèmes d'addiction aux drogues ou autres trucs du même genre, ce qui est un peu obligé d'ailleurs quand on y pense, sachant qu'aux dernières nouvelles deux ou trois taffs de weed me font bader pire qu'une pastille de mauvais LSD - j'imagine - je n'ose même pas penser à l'effet qu'un fix d'héroïne aurait sur moi; l'overdose immédiate sans doutes. Après, vous me direz, ma relation à la bouffe est grosso-modo la même que n'importe quelle addiction. Mais tant que je n'ai pas à ajouter par-dessus d'autres problèmes de substances encore plus vicieuses, je suis contente.


Voilà, ça vous donne une idée du délire je suppose. Ne versons pourtant pas dans la victimisation; je ne sais que trop bien combien il existe un paquet de gens tellement plus mal lotis que moi, ce qui me fait d'ailleurs mal au ventre. Je n'assimilerai jamais que certains en bavent bien au-delà de l'imaginable pendant que d'autres se la coulent douce du début à la fin. 


Bref. 

Ma vie n'est pas une tragédie, loin de là, mais je pense avoir assez bien expérimenté le sens du mot déplaisant. Tout le monde n'a pas grandi dans un foyer toxique déguisé sous des airs de famille aisée et originale, tout le monde n'a pas eu a être interné dans diverses cliniques plus foireuses les unes que les autres durant des mois pour traiter une anorexie assez corsée, tout le monde n'a pas eu à enterrer l'un de ses parents avant l'âge adulte, tout le monde n'a pas eu à quitter son pays natal en mode instinct de survie afin d'échapper à un futur de dépressive ad vitam aeternam et à un passé traumatisant impossible à effacer. Tout le monde n'a pas eu à aller toquer à la porte de l'un de ses ennemis jurés, les psy, dans un dernier appel à l'aide depuis le fond du trou à la suite d'une rechute sévère dans l'instabilité mentale et l'auto-destruction. 

Il y a des moments où j'ai encore l'impression de n'être guère plus qu'un résidu de foetus fini à l'urine qui adore se lamenter sur sa pauvre situation et il y a d'autres moments, justement, où je me rappelle que d'avoir eu l'audace d'affronter mon problème en m'efforçant de vivre une vie la plus fonctionnelle possible, et bien c'est déjà franchement pas mal. 
  


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